Peigne liturgique dit « de l’empereur Henri II ou de Saint Henri », Angleterre, vers 1120, ivoire, Don 1857 (inv.85.6.25)
Rares sont les peignes liturgiques en ivoire de l’époque romane, aussi bien conservés et aussi finement sculptés. Cet objet a été réalisé dans un atelier anglo-normand, puis offert à Henry de Winchester, devenu évêque de Verdun en 1117. Ce dernier l’utilisait lors de son sacre ou avant un office religieux. Conservé dans le trésor de l’abbaye Saint-Vanne jusqu’en 1792, le peigne aurait ensuite été caché dans la sacristie de la cathédrale de Verdun jusqu’en 1857. Cet objet liturgique, sculpté dans une seule pièce d’ivoire, illustre deux grandes caractéristiques de l’art roman : « l’horreur du vide » et la « loi du cadre ». Toutes les faces de l’objet sont entièrement ornées de scènes de la Vie du Christ et les figures sculptées sont soumises aux contraintes du support. Les tranches du peigne sont ornées de deux dragons, dont l’un crache du feu.
Crosse abbatiale, Limoges, vers 1200, cuivre émaillé, achat 2007 (inv.2008.1.1)
En cuivre émaillé, ciselé, gravé et doré, elle est ornée sur la douille et le crosseron d’un décor de rinceaux végétaux vert, rouge et jaune sur fond bleu. Le nœud de cuivre ajouré représente des figures fantastiques, sirènes-oiseaux et dragons à têtes humaines. La volute est ornée de petits crochets et se termine par une palmette-fleur. Cette crosse a été découverte au XIXe siècle dans la sépulture d’Etienne Bourgeois puissant abbé de Saint-Vanne, mort en 1452. Cette abbaye, foyer intellectuel et artistique majeur, connaît son apogée entre le Xe et le XIIe siècle. Présentée en 1889 à l’exposition Universelle de Paris, longtemps conservée dans de prestigieuses collections privées, la crosse a retrouvé en 2007 la pierre tombale d’Etienne Bourgeois au musée de la Princerie.
La Chanson du printemps, Jules BASTIEN-LEPAGE (1848-1884), 1874, huile sur toile (inv.81.1.87)
Présenté au Salon de 1874, ce tableau illustre l’évolution du travail de Jules Bastien-Lepage qui se détache de l’enseignement classique pour tendre vers plus de naturalisme. La composition pyramidale des figures, le traitement du visage de la jeune fille et la présence d’anges musiciens sont issus de l’enseignement académique. Cependant, de nombreux éléments témoignent d’une recherche de réalisme. Ainsi, la jeune fille est assise dans une position qui laisse deviner sa fatigue et sa lassitude à l’issue d’une journée de labeur. Ses mains, aux ongles sales, et ses pieds nus l’attestent. Une grande attention est portée à la représentation du paysage. Les arbres et les fleurs, aisément identifiables, sont ceux de la campagne meusienne. A l’arrière-plan, le peintre a représenté avec exactitude un « village-rue » typiquement lorrain, marqué par un traitement soigné de la lumière.
Saint Roch, XVIe siècle, bois peint et doré, Legs Basinet 1933 (inv.85.4.111)
Au Moyen Age se développent des croyances populaires qui attribuent des pouvoirs guérisseurs à certains saints. Leurs représentations, peintes ou sculptées, deviennent objets de culte. Si certaines d’entre elles sont aujourd’hui exposées en raison de leur caractère esthétique, elles avaient pour vocation d’être des supports de dévotion. Saint Roch est l’un des saints guérisseurs les plus populaires. Invoqué notamment contre les épidémies de peste, il fait l’objet d’une dévotion particulière au XVIe siècle en Lorraine, région alors durement frappée. Cette sculpture provient de l’église Saint-Saintin de Mogeville (Meuse) et a conservé sa polychromie d’origine. Le sculpteur a accordé une grande importance aux détails, en témoignent le traitement de la boucle de la ceinture et le soin apporté aux drapés des vêtements.
Crâne ou Vanité, attribué à Ligier RICHIER (vers 1500 -1567), marbre, Don Barrois 1876 (inv.85.4.16).
La tradition associe cette sculpture en marbre au sculpteur meusien Ligier Richier, par comparaison avec le Transi, monument funéraire de René de Chalon conservé à Bar-le-Duc. Cette œuvre demeure encore énigmatique. Elle présente un travail de sculpture singulier, et la confusion avec un crâne humain est possible, tant l’illusion est parfaite. Il s’agit peut-être d’un modèle anatomique, illustrant les progrès réalisés par la médecine durant la Renaissance. Ce crâne peut également être envisagé comme une Vanité, une représentation de la fugacité de la vie humaine et du cours inéluctable du temps. Modèle anatomique et memento mori, il était peut-être destiné à un cabinet de curiosités, lieu dédié à l’étude mais également à la méditation.
Paire de vases japonais, Japon, vers 1870, porcelaine laquée et dorée, Legs Basinet 1933 (inv.85.1.315).
Par leurs dimensions, la qualité de leur décor et la rareté de leur technique de fabrication, ces vases sont aujourd’hui les pièces majeures de la collection extrême-orientale du musée. Réalisés au Japon vers 1870 et destinés à l’exportation, ils illustrent le goût de l’époque pour le « Japonisme ». La laque sur porcelaine est une technique développée au Japon où elle a été introduite à la fin du XVIIIe siècle. A l’origine, ce type de production était sans doute uniquement destiné à l’usage domestique. Très appréciés, les objets furent ensuite exportés en Europe. L’Art Nouveau s’imprègne de cette technique et certaines manufactures de faïence, dont celle de Toul, produisent des pièces laquées.
Vase, Verrerie MODEL, vers 1930-1940, verre, Don 2013 (inv.2013.1.1)
Réalisé en verre opalescent ce vase témoigne d’une grande maîtrise technique. La verrerie fondée par Maurice Model à Verdun fut active de mai 1930 à juin 1940. Durant cette brève décennie, elle produisit de nombreux objets suivant la technique du verre pressé-moulé, s’inscrivant pleinement dans le style Art Déco alors en vogue. Si Maurice Model a parfois copié les productions de grands verriers de son époque, en particulier René Lalique, il a également dessiné lui-même des pièces originales, comme en témoigne ce vase portant sa signature. Celui-ci se distingue par l’originalité de son décor. Le corps du vase est entouré d’une frise composée de six médaillons dans lesquels se trouvent des oiseaux. De part et d’autre, se développe un motif géométrique formé de spirales entrelacées.
Coffret ou boîte à ouvrage, XVe siècle, ivoire et bronze, Legs Chaligny de Plaine 1853 (inv.85.6.10)
Ce coffret est constitué d’un assemblage de plaques sculptées en bas-relief, maintenues par des éléments en bronze. Le décor, remarquable, est fondé sur la répétition d’un même motif décoratif composé d’écheveaux, agrémenté de motifs végétaux et floraux. Bien que la destination exacte du coffret ne soit pas connue, les motifs sculptés pourraient être ceux d’une boîte à ouvrage ou d’un coffret à bijoux, ce qui expliquerait la présence d’une serrure, aujourd’hui lacunaire. La lettre gothique « C » répétée au centre de chacune des faces pourrait être l’initiale de sa propriétaire.
Boîtes à dragées, XIXe siècle (inv.85.6.151)
Emblème de la ville, la dragée est née à Verdun au XIIIe siècle. Afin d’améliorer la conservation et le transport des amandes dont il se servait, un apothicaire eut l’idée de les enrober de sucre et de miel. Très vite, cette « épice de bouche », devint une friandise luxueuse prisée à la cour des rois de France. Au XIXe siècle, les dragées étaient offertes par la ville aux personnalités en visite officielle. Le musée conserve plusieurs boîtes, et couvercles de boîtes, peints à la main par des artistes qui utilisaient des gravures comme modèles. Ces objets luxueux, aux décors raffinés représentant des scènes galantes, des paysages, des bals ou des baptêmes, étaient particulièrement appréciés et recherchés par les amateurs.
Jeton de compte à l’effigie de Nicolas Psaume, 1575, cuivre (inv.V.126)
Musée d’Art mais aussi d’Histoire, le musée de la Princerie expose également des objets illustrant la vie quotidienne à Verdun et dans sa région. Des sceaux témoignent de la puissance de l’évêché et une importante collection de monnaies révèle la présence précoce d’ateliers de frappe à Verdun.